Le réservoir Pipmuacan

Michel Tremblay

Spécialiste de survie en forêt, explorateur, aventurier, formateur, conférencier et auteur

Publié le 06 Décembre |Dernière modification le 16 Septembre

Il y a plusieurs années, avec quelques amis en kayak de mer, j’avais fait un tour partiel (deux tiers) des trois cents kilomètres de berge qu’offre cette immensité d’eau. Ce réservoir fait partie de la gestion hydrique de la compagnie Résolu, au même titre que les réservoirs Onatchiway, Lamothe et Sébastien qui sont interreliés par la rivière Shipshaw. Plusieurs barrages et digues cernent le réservoir Onatchiway pour en faire cet énorme lac tel que nous le connaissons.

J’y suis retourné, en canot cette fois, avec ma conjointe afin d’y approfondir une section inconnue en plein centre du réservoir. Constitué d’une centaine d'îles et d'îlots, ce nouveau secteur ne demandait qu'à être découvert. Le défi n’était pas le kilométrage à cumuler, mais plutôt un défi d'orientation en soi. En effet, il n’est pas rare que les gens se perdent sur ce méga labyrinthe où dame nature peut se montrer plutôt imprévisible.

C’est chargé d’une semaine d’autonomie que nous nous sommes mis à l’eau à partir de la pourvoirie Pipmuacan où un débarcadère permet à tous d’accéder à l’eau.

C’est à ce moment, et avec stupéfaction, que l'on a constaté le niveau du réservoir de 5 mètres plus bas qu’à son niveau normal. Résultat de l’hiver sans grande accumulation de neige dans le secteur. (ce texte a été écrit en 2021, alors que l'hiver n'avait pas reçu beaucoup beaucoup de neige)

La vision qui s’offre à nous, à ce niveau, n’est qu’une bande de sable et gravier qui se superpose à l’horizon sur 360 degrés, coiffée de forêt boréale. De l’eau, du beige, du vert et le ciel. Un vrai pâté chinois forestier! 😊

Nous avons atteint la section des îles dès la première journée. Étant donné le niveau d'eau anormalement bas, le fond du réservoir est devenu îles et îlots, non cartographiés. Donc, il y a eu beaucoup d'essais et erreurs pour cheminer au travers de cet amalgame rocailleux, sableux et vaseux pour trouver notre voie afin de progresser. Même avec carte et GPS. Quelques fois même en se poussant au fond à l’aide de nos avirons. Un portage de 700 mètres a même été nécessaire à notre progression. C’est un peu ça l’aventure! Tout ça sous l’œil vigilant du caribou, de la pygargue à tête blanche, des sternes et au travers des traces d’ours.

Malgré les soubresauts de dame nature qui nous a dévoilé son caractère imprévisible, le secteur est enchanteur par sa beauté. Les sites de campements abondent offrant un superbe panorama au coucher de soleil à couper le souffle. Le brochet fut au rendez-vous pour un souper de poisson très frais. Que demander de plus?

Ce genre de périple vous intéresse?

Pour y accéder : Rendez-vous au Saguenay dans la municipalité de St-David de Falardeau. Prenez le Chemin Price jusqu’à ce que vous atteignez la gravelle. À partir de là, les kilomètres sont affichés en bordure de route. Au km 32, prendre à droite qui vous fera passer sur le barrage du Réservoir Onatchiway. Continuez jusqu’au km 74 où il faudra prendre à droite en suivant le secteur « Rouvray ». Au km 104, prendre à gauche. Le chemin se rétréci jusqu’à la pourvoirie Pipmuacan qui est à 24 km plus loin. C’est donc, 128 km qui vous attendent, mais qui étaient bien entretenu lors de notre passage.

Il est quand même fortement recommandé d’utiliser un VUS ou une camionnette pour se rendre à destination.

J’espère que vous apprécierez autant que nous…